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“L’engagement politique de ceux, qui ne s’étaient pas installés dans un fauteuil doré de la gauche, mais qui voulaient sauver le monde, migrait des drapeaux rouges vers le mouvement vert. … Derrière l’assurance avec laquelle les représentants de l’orthodoxie brandissent les hérétiques se cache entre autres une peur de déracinement, qui est beaucoup plus grande de leur coté que du coté des dénoncés qui, eux, ont jetés d’autres racines ou qui ont accepté le fait qu’un humain pensant doit accepter la solitude.
Prenons le set d’idées qui, jadis, construisaient le marxisme et en regardons quelques éléments, s’ils font toujours partie de l’orthodoxie protégé ou non:
- On a laissé tombé comme une patate chaude la revendication de la socialisation des moyens de production, sans laquelle rien de bon devait être possible. …
- Même si on ne croit plus à la succession inévitable des modes de production, on garde quand même la conception d’une dynamique inhérente des développements …
- Point de vue du matérialisme dialectique on ne croyait pas à la faculté des idées de pouvoir guider la société. Grâce à la théorie des systèmes, on peut continuer de mépriser tout ce qu’on regardait jadis comme superstructure idéologique de la société bourgeoise.
- Partialité … Les hommes devaient … exiger la fin de la discrimination du prolétariat. Il n’était point question de stabiliser le système globale, mais il importait, au contraire, de forcer des intérêts particulières. … Aujourd’hui on ne s’engage toujours pas, dans un sens des responsabilités citoyennes, pour protéger la polis, non, on choisit son camp. Mais ce ne sont plus les masses qu’on défend, ceux-là, on les a exclu de sa clientèle. Non, on est aller se chercher des minorités discriminés, pour lesquelles on lutte … femmes … étrangers …
- La fidélité aux masses … L’élément éthique du marxisme s’avère trop faible, pour que la sympathie pour les sous-privilèges pourrait subsister le moment qu’eux, ils choisissent des nouveaux drapeaux.
- Refus du droit … on aspirait un ordre nouveau qui était juste sans garantir des droits subjectifs, antagonistes aux individus. … C’était anti-libéral et contre l’état de droit. Cette approche subsiste dans le communautarisme (et dans le féminisme) …
- Le meilleur élément du marxisme était l’éthique. Mais il restait caché derrière l’élément philosophique. La philosophie matérialiste ne tolérait pas l’éthique. Le bien n’était pas vu comme une idée à mettre en pratique par les humains, mais prétendu d’être le résultat finale d’un processus initié par la condition matérialiste. … C’était cette question qui engendrait la scission du révisionnisme dans le SPD naissante. …
- Quelqu’un qui s’abstient de certaines méchancetés, parce qu’il s’identifie ‘de gauche’, semble exprimer par ça une idée diffuse du ‘être de gauche’, mais examiné de plus près, c’est assez spécifique.
- Même si le marxisme ne postulait jamais le refus de la violence, il y avait [en Allemagne] quand même beaucoup des gauchistes qui voyaient le pacifisme comme lié à leur identité de gauchiste. La dernière grande fête de cette approche se montrait dans les protestations contre la guerre du Golfe, qui provoquait une réaction dure et surprenante dans les propres rangs. …
On voit: Il ne reste de l’identité gauchiste qu’un certain anti-idéalisme, une certaine partialité, mais transférée des masses aux minorités, un peu de méfiance contre l’État de droit libéral et quelques restes non-reliés d’humanisme éthique. Ces éléments hétéroclites sont trop contradictoires entr’eux pour se prêter à la formation d’une orthodoxie; le seul lien qui persiste encore entre certains gauchistes, est purement sociologique et une fonction de la clique qu’ils forment.”
Sibylle Tönnies: Die Gemeinschaft der Heiligen. In: Kursbuch 116 “Verräter” Juni 1994, S.19-24; ma propre traduction imparfaite…
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