Mémoire
“Dans un de ses derniers ouvrages, le philosophe Régis Debray a eu cette phrase : « Les gens du “street art” font de la rue une galerie, Ernest en fait une œuvre d’art. » J’en suis touché, mais, moi qui doute toujours, je suis aussi un peu insatisfait. Il y a là pour certains un effet de mode. On entend parfois parler de « la plus grande galerie du monde ». Alors que moi, j’aborde d’abord la rue d’un point de vue plastique, avec la couleur des murs, leur texture, et ce qui ne se voit pas ou plus, c’est-à-dire la mémoire des lieux. Il s’agit alors d’élaborer des images en faisant remonter à la surface des souvenirs enfouis, pour mieux comprendre le présent. …
La rue est un des éléments de ma palette. Sachant que toujours mes interventions viennent à réinscrire l’histoire humaine sur place. Les gens passent tous les jours dans une rue, même chargée d’histoire, mais pour eux, forcément, elle se banalise. Et d’un coup, l’apparition de l’image la fait découvrir à nouveau. En fait, cette redécouverte, cet appel à l’intelligence collective, c’est le rôle de la poésie et de l’art. …”
aus: Ernest Pignon-Ernest: “Mes interventions visent à faire ressurgir l’histoire d’un lieu”, Interview mit Gérald Rossi, L’Humanité, 29.05.2019, im Internet, und hier gemirrorred
“Que l’émotion que l’on ressent soit inséparable de l‘histoire des lieux… Je suis très inquiet par cette amnésie généralisée de l’ensemble de la société.”
Zitat aus: Olivia Gesbert: Ernest Pignon-Ernest, ecce l’artiste !, France Culture, 31.5.19, im Internet
06/19