Raison d’être
“Le jour de l’envol.
Au Brésil, des gens souvent d’origine modeste travaillent et investissent parfois pendant trois années entières dans la construction d’un ballon en papier qui peut atteindre jusqu’à 60 mètres de haut. Il est peint et décoré de ses plus belles couleurs quand il s’envole le jour, et emporte des dizaines de luminaires et de bougies pour un voyage nocturne.
Le feu et le papier réunis dans l’envol du ballon.
Le travail de longue halaine et la magie de l’instant.
Trois ans pour vingt minutes.
Ils regardent le ballon s’enfoncer dans le ciel. Vingt minutes.
Seulement vingt minutes.
Et il disparaît dans la nuit, ou derrière la colline.
Vivre maintenant, l’instant.
Plus personne ne le verra ensuite.
ne plus parler, regarder, écouter. Retenir son souffle, respirer. Crier.
Tout le monde le croit: il fera le tour du monde.
A peine le ballon envolé, ils se remettent au travail pour le suivant, imaginent les plans les plus fous, les formes et les tailles les plus osées, distribuent les tâches et investissent le temps pour construire ensemble vingt minutes de rêve et de vent. Et cette liberté n’a pas de prix.
Les “baloieros”, constructeurs de ballon, vivent de l’envol futur du ballon, s’incarnent en lui, défient les lois de l’apesanteur, et partent avec lui, en emportant tous ceux qui le désirent…
Une bouteille à la mer, mais dans le ciel. …”
aus: Olivier Thomas: Le jour de l’envol. Tract accompagnateur pour le spectacle du même titre, Théâtre Balsamine, Schaerbeek, décembre 2007.
12/07